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Rencontre avec deux jeunes "street-fishers" parisiens

Antonin et Jérôme traquent le carnassier au bassin de la Villette, à Paris. Le street-fishing (la pêche urbaine, autrement dit) gagne en popularité dans la capitale et sur la Seine.

Antonin et Jérôme préparent leurs leurres pour pêcher le carnassier.


Antonin et Jérôme se retrouvent au bord du bassin de la Villette, à Paris, en début d’après-midi. Ces deux trentenaires passionnés de pêche traquent le brochet, le sandre ou le silure. « ll y en a qui pêchent des vrais silures énormes qui font plus de deux mètres. Là, d’un seul coup les gens sont sidérés de se dire qu’il peut y avoir ça qui vit dans les eaux juste en bas de chez eux », raconte Antonin. Les deux « street-fishers » se réapproprient l’espace urbain et adaptent leur passion aux contraintes de la ville. « Il y a vraiment un milieu adapté à la reproduction, avec beaucoup d’herbiers au fond de l’eau », explique Jérôme.


«C’est un crève-coeur de tuer le poisson »


Chaque poisson attrapé est remis à l’eau, selon le principe du NO KILL. A Paris et en Île-de-France, un arrêté interdit même la consommation du poisson pêché à cause de la pollution aux métaux lourds, au mercure, au plomb ou encore aux pesticides. « Ma frustration vient si j’ai un poisson que j’ai mal combattu, qui a engamé trop fort mon leurre et qui s’est retrouvé avec l’hameçon dans les ouïes, qui saigne et qui finalement ne peut pas repartir. Vu que je ne peux pas le consommer, c’est un crève-coeur de tuer le poisson », confie Antonin.


Des eaux plus propres


L’engouement pour le « street-fishing » est une preuve de l’’amélioration de la qualité de l’eau dans la capitale. « La première réaction (des riverains), c’est : tu pêches des cadis, des trottinettes électriques, des vélibs… Les gens sont généralement surpris quand ils nous voient avec une canne en pleine ville. Ils doivent nous prendre un peu pour des fous… » Or les progrès, notamment dans l’assainissement de l’eau, ont permis aux poissons de revenir en nombre dans le fleuve. On compterait une quarantaine d’espèces différents dans la Seine et ses affluents. Soit dix fois plus que dans les années 1970, selon Natureparif, agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France.


« La pêche, c'est comme le skate »


Facile d’accès, la pêche urbaine rapproche les pratiquants. « La pêche, c’est comme le skate. On croise un mec qui a une canne à pêche, on va lui parler, on va tchatcher une demi-heure : tu pêches où ? Tu pêches quoi ? T’as fait du poisson ? Ok c’est cool, t’as un Instagram ? Vas-y donne, la prochaine fois je vais dans ce quartier, on s’envoie un message et puis on se fait une session ensemble », sourit Antonin.


Matthieu Deveze

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