Une étudiante sur vingt a déjà fabriqué ses protections hygiéniques
- Lisa Penalver
- 29 janv. 2021
- 3 min de lecture
La précarité menstruelle touche de plus en plus de monde avec la crise. On fait le point sur la situation des étudiantes et les initiatives mises en place.

« Quand on parle de précarité menstruelle, on pense souvent aux collégiennes, aux lycéennes et aux personnes en situation carcérale mais dans ce panel il manque souvent le public le plus précaire : les étudiantes », résume Anna Prado de Oliveira, le vice président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) en charge de la lutte contre les discriminations. Il précise par ailleurs qu’il n’y a pas que les femmes qui ont leurs règles, c’est notamment aussi le cas de certains hommes transgenres, comme expliqué dans cet article de Vice. Qui pensent aux étudiantes ?
Si la problématique du coût des protections hygiéniques est en effet de plus en plus traitée, y compris par les pouvoirs publics, la situation des étudiantes en la matière ne fait l’objet d’aucun traitement particulier. Dans le budget de cinq millions d’euros pour lutter contre la précarité menstruelle annoncé en décembre par le gouvernement rien n’est ainsi prévu pour les étudiantes, contrairement aux collégiennes et lycéennes pour qui des distributeurs de protections hygiéniques vont être mis en place, en Île-de-France par exemple. « Toutes ces initiatives dans le secondaire sont naturellement bénéfiques, souligne Anna Prado de Oliveira, mais elles ne doivent pas faire oublier la situation des étudiantes sur le sujet ». Un avis que partage Léa Jacot, responsable d’un projet de lutte contre la précarité menstruelle au sein de l’association POEMES (Paris Ouest Etudiants en Médecine Solidarité). Avant de se lancer, elle avait mené, avec les autres membres, une enquête pour bien cibler leur public, celui étudiant c’était imposé car ils le sont aussi mais pas seulement. « En comparaison aux lycéens qui vivent majoritairement chez leurs parents qui peuvent leur acheter leurs protections hygiéniques, les étudiantes sont plus souvent seules, dépendantes de leurs propres revenus, souvent minimes ce qui accroit le risque de précarité menstruelle », explique-t-elle.
Précarité et système D
Pour les remettre au coeur de cette problématique, la FAGE a donc lancé une enquête sur la précarité menstruelle estudiantine qui sort le lundi 8 février. On y apprend notamment qu’une étudiante sur vingt a déjà fabriqué ses propres protections hygiéniques faute de pouvoir en acheter. Une situation que n’a pas amélioré la crise du covid, comme le rappelle Tara Heuzé-Sarmini, la fondatrice et directrice générale de l'association Règles élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle, au Parisien. « Alors qu'en 2019, 1,7 million de femmes en France souffraient de précarité menstruelle, aujourd'hui avec la crise sanitaire que nous traversons, on dépasse les 2 millions », détaille-t-elle. Sur le terrain, la FAGE a aussi ressenti cette demande accrue. « De plus en plus d’étudiants nous ont sollicité pour des protections hygiéniques », confirme Anna Prado de Oliveira. La fédération s’est donc adaptée en renforçant ses partenaires et sollicitant davantage de dons.
Une étudiante sur vingt a déjà fabriqué ses propres protections hygiéniques faute de moyens financiers
Un besoin accru qui donne d’autant plus de sens pour Léa Jacot dont l’association POEMES va commencer ses distributions début février. La première se déroulera à l’AGORAé de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Dans ce supermarché solidaire, les étudiants les plus modestes viennent faire leurs courses à moindre coût, le lieu idéal pour toucher les plus modestes. Protections hygiéniques réutilisables ou jetables bio, leurs seront proposées mais pas seulement. Les membres de l’association ont aussi eux-mêmes confectionné des serviettes hygiéniques réutilisables avec les participantes qui le souhaitaient. Pour rendre l’association viable, tout a par ailleurs été prévu, explique l’étudiante : « On organise des distributions sous forme de dons libres, le coût de chaque protection est précisée et la personne donne ce qu’elle veut, si elle veut donner, en fonction de ses moyens ». Un bon moyen souligne Léa Jacot de sensibiliser au coût des protections hygiéniques, y compris ceux pas directement concernés, à commencer par certains membres de l’association.
Les initiatives comme celles-ci se multiplient donc n’hésitez pas à vous renseigner si vous en avez besoin. Plus généralement, vous pouvez vous tourner vers la FAGE, ses AGORAé, l’association Règles élémentaires, ou encore vos services universitaires.
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