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"On aimerait qu'ils restent plus longtemps", les étudiants, bouffée d'air frais des Restos du Coeur

Depuis le début de la crise sanitaire, les jeunes sont les bouées de sauvetage des Restos du Coeur. Étudiants ou jeunes actifs, ils ont remplacé les bénévoles âgés qui ont arrêté leur activité à cause de la crise sanitaire.

Charlotte est bénévole aux restos du coeur depuis 3 semaines. ©Paola Guzzo


"Bénévole ? Non ? Alors bénéficiaire ? Vous venez vous inscrire ?" s'enquiert Christophe, alors que la jeune équipe de Hublot arrive devant les Restos du Coeur du 19ème arrondissement parisien. C'est que le manutentionnaire de 42 ans coche lui-même les deux cases et lorsque des visages plus juvénile que le sien s'approchent de l'immense centre de l'avenue de la Villette, c'est souvent pour l'une de ces deux raisons. Les étudiants précaires sont cependant peu nombreux à venir sur le site, puisque deux antennes des Restos du Coeur réservées aux étudiants ont ouvert à Paris. À la Cité Universitaire, ils sont déjà 230 à passer régulièrement. Les jeunes, avenue de la Villette, sont tous bénévoles, ou en travaux d'intérêt généraux. À quelques mètres de lui, une dame tend sa carte de bénéficiaire à Mégane, une jeune stagiaire de 20 ans, qui la vérifie à travers les barreaux de son petit bureau aux murs roses. "Vous pouvez rentrer Madame !" lui dit-elle, les yeux souriants, à travers le masque.


La majorité des bénévoles des Restos du Coeur font partie du 3ème voir du 4ème âge. Pendant le premier confinement, ils ont laissé leur place à la jeune génération, arrivée en masse après un appel à bénévoles de l'association au niveau national. Mais rien, pas même une pandémie mondiale, n'aurait pu faire partir Raymonde Fernandez, 78 ans, la directrice de ce centre qui accueille les habitants précaires du 19ème. Entre deux réponses, la petite dame masquée et gantée aux cheveux blancs gère les stocks, accueille les nouveaux arrivants et oriente les indécis. "La majorité des bénévoles que nous avons actuellement ce sont des gens qui, à cause du Covid, sont sans travail, ou des étudiants, et heureusement qu'ils sont là. Mais on aimerait qu'ils restent plus longtemps. Ici, c'est une famille.", explique celle qui se dédie à la structure depuis 24 ans. Comparé au premier confinement, les jeunes sont beaucoup moins nombreux, mais ils sont toujours là. Dans la salle principale, une vingtaine de bénévoles s'affairent derrières des tables pour remplir les caddies rapidement, éviter l'attroupement et donc une possible transmission du virus.

Emmitouflée dans sa doudoune à capuche, Lina vit sa première expérience associative. ©Paola Guzzo


Un engagement à intensité variable


À la fin du parcours, Charlotte distribue le dentifrice et les oeufs. C'est la première fois que l'étudiante de 23 ans s'engage dans une association. Si elle est là, c'est grâce à la plateforme Benenova, qui met en relation les associations et les jeunes qui veulent se rendre utile. "Dans mon master de Marketing à Aix-en-Provence, on m'a demandé de choisir entre le bénévolat et un stage. J'ai préféré venir ici parce qu'il y a vraiment des gens dans le besoin", explique-t-elle. La jeune fille aidera dans ce centre jusqu'en mars tout en passant de temps en temps dans celui de la Rue Coustou dans le 18ème arrondissement parisien. Un peu plus loin, Lina et Joanie, 20 ans, en sont à leur premier jour de bénévolat, une expérience qui devrait durer 4 mois. "Moi aussi je veux des gants !" vient souffler Joanie à Lina, avant de pouffer comme deux collégiennes. Les gestes pas encore très assurés, les deux jeunes étudiantes en première année à l'ISART tentent timidement de gagner en rapidité sans se tromper.

Raymonde Fernandez est à la tête des Restos du Coeur du 19ème depuis 15 ans. ©Paola Guzzo


Dans ce centre des Restos du coeur, les bénévoles sont soit très âgés, soit très jeunes. Mais une seule personne est presque considérée comme une "ancienne" aux yeux de Raymonde, malgré son jeune âge. C'est Mégane, la vingtaine, en stage depuis un mois. L'émotion est palpable, c'est le dernier jour de l'étudiante en BTS économie sociale familiale et personne ne souhaite qu'elle parte. "Elle a tout compris, elle est vraiment bien, donc on la fait travailler au Relai, à tout ce qui est l'aide aux papiers administratifs... Elle va nous manquer", confie Raymonde, approuvée par d'autres bénévoles de longue date. Une émotion partagée par la jeune femme aux longs cils. "Certains jeunes, ceux qui sont en travaux d'intérêts généraux ici, disent que c'est dommage qu'ils ne soient pas payés. Mais je suis vraiment pas d'accord. L'ambiance est grave cool. Ça me fait mal au coeur de partir", souffle-t-elle, émue. C'est décidé, à partir de maintenant elle va répandre la bonne parole et dire à tous les étudiants qu'elle croisera que s'ils veulent être bénévoles et étudiants c'est possible : il y a les camions des Restos du coeur, tous les soirs de semaine.

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