Pourquoi les Bretons sont moins touchés par la deuxième vague de Covid ?
- Léa Pernelle
- 21 janv. 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 janv. 2021
FACT-CHECKING. La Bretagne est la région la plus humide de France mais aussi celle où le virus circule le moins, particulièrement dans le Finistère. Coïncidence ou corrélation ?

Le crachin serait-il l'arme secrète des Bretons contre la pandémie ? C’est en tout cas la corrélation établie par Pascal Crépey, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). « L'hypothèse, c'est que le climat océanique en hiver est peut-être moins favorable à la propagation de ce coronavirus que le climat continental », a expliqué l'enseignant-chercheur à l’AFP jeudi.
Depuis le début de la pandémie, 824 personnes sont mortes de la Covid en Bretagne, soit 250 morts par million d’habitant. C’est quatre fois moins que la moyenne française.
Taux d’incidence par région (nombre de tests positifs pour 100.000 habitants) - semaine du 11 au 17 janvier 2021
Parallèlement, la région affiche un taux d’humidité oscillant entre 90% et 98% selon les départements, largement supérieur au reste de la France.
L’hypothèse est confirmée par Predict, une filiale de Météo France et d’Airbus. Lorsque le temps est froid et le taux d’humidité inférieur à 90%, « les gouttelettes sur lesquelles se fixe le virus ont tendance à rester en suspension dans l’air » a développé son président, Alix Roumagnac.
La société s’est appuyée sur un article publié par deux chercheurs de l’Institut Technologique du Massachusetts (MIT) en mars 2020. Dès la première vague du Coronavirus, ils ont comparé les taux d’incidence déclarés par les pays avec le taux d’humidité des zones concernés. La corrélation les rend « perplexe ». Les zones affichant les taux d’incidence les plus élevés comme l’Italie, la France, l’Allemagne ou encore New York ont des schémas climatiques similaires à ceux de Wuhan, avec une température entre 3 et 10° en février et mars. « De leurs côté, les pays avec un climat plus humide comme ceux d'Asie du Sud affichent un taux plus bas. » Les chercheurs ont écarté l'hypothèse du manque de tests car d'autres pays se situant dans la même zone ont massivement testé leur population, à l'instar de l'Australie.
Isolement breton
Mais le climat ne serait pas le seul facteur. Les chercheurs pointent également du doigt la situation géographique et le brassage des populations. La péninsule bretonne bénéficie de son isolement à l’extrême Ouest de l’Europe. « [Cette situation] l'expose moins aux flux de populations », selon M. Crépey. « C'est moins un carrefour que d'autres régions de l'Est de la France. Et qui dit moins de flux de populations, dit moins de brassages donc moins de risques de réimportation du virus et une pression épidémiologique externe moins forte. »
En dépit d'une forte densité de population, les métropoles bretonnes sont « peu nombreuses et plus petites » explique de son côté Eric Stindel le Professeur de médecine à l’université de Brest. « Il y a dans ces territoires assez ruraux des moyens de circulation qui sont assez peu concentrés. Pour venir travailler, on n'utilise pas des transports en commun dans lesquels on est nombreux, très serrés. » Ce facteur pourrait expliquer que d'autres régions isolées comme la Corse soient aussi moins touchées par l'épidémie de coronavirus.
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