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Le plan ambigu de Biden contre la pollution de l’eau

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021

Investi mercredi 20 janvier, le 46e président des Etats-Unis espère améliorer l’accès à l’eau potable et lutter contre la pollution de cette ressource, mais les puissants lobbys pétroliers pourrait lui donner du fil à retordre.


Joe Biden et Kamala Harris ont parfois des avis divergents sur certaines questions environnementales. © Brendan Smialowiski, AFP


C’est l’une des promesses phares du candidat Joe Biden : la lutte contre la pollution et le gaspillage de l’eau aux Etats-Unis. Mais le successeur de Donald Trump ne compte pas non plus se mettre à dos les puissants industriels pétroliers et gaziers qui utilisent l’or bleu pour forer le sol américain. Un jeu d'équilibriste dangereux.


Pourtant, l’accès à une eau potable de qualité pour tous les Américains s’annonce comme l’un des grands chantiers de la présidence Biden. Selon le nouveau président élu, jusqu’à 110 millions de ses compatriotes pourraient consommer ou utiliser de l’eau contaminée par des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), potentiellement cancérigènes. Or “il est prouvé que l'exposition au PFAS peut entraîner des effets indésirables sur la santé humaine”, d’après l’EPA, l’Agence américaine de protection de l’environnement.


Biden semble l'avoir bien compris. Dans son programme, il précise sa stratégie, en déclarant vouloir désigner les PFAS “comme une substance dangereuse, fixer des limites exécutoires pour les PFAS dans la loi sur la sécurité de l'eau potable, donner la priorité aux substituts grâce à l'approvisionnement et accélérer les études de toxicité et la recherche sur les PFAS”. Il a par ailleurs chargé son Bureau de la politique scientifique et technologique de publier un rapport sur les stratégies pour améliorer la qualité de l’air et de l’eau.


L'enjeu du gaz de schiste et de l'or noir


L’arrivée du tandem Biden-Harris à la Maison Blanche pourrait également rebattre les cartes de l’exploitation du gaz de schiste et du forage pétrolier aux États-Unis. Deux activités accusées par les protecteurs de l’environnement de détruire les ressources naturelles en eau.


En effet, la vice-présidente Kamala Harris fait partie de la liste de parlementaires ayant appelé à la fermeture de l'oléoduc de pétrole brut Dakota Access (DAPL) en mai 2020. La construction de ce pipeline avait été lancée par Donald Trump et menaçait l’intégrité d’un lac servant de source d'eau pour la tribu des Sioux Standing Rock. « Il s'agit d'un important oléoduc de pétrole brut traversant des terres tribales non cédées et affectant l'approvisionnement en eau de millions de personnes », avait alors déclaré à Reuters Jan Hasselman, un avocat représentant les Sioux de Standing Rock. La polémique avait finalement conduit un juge fédéral a annuler le permis de construire interdisant son passage sous le lac en juillet.


L’élection de Biden signera-t-elle la fin du DAPL ? Rien n’est moins sûr car son équipe de transition n'a pas précisé sa position sur ce dossier, toujours selon Reuters. Mais la nomination en décembre de Deb Haaland, une élue démocrate du Nouveau Mexique d’origine amérindienne, au ministère de l'Intérieur chargé des ressources naturelles des terres fédérales, pourrait faire pencher la balance en faveur d’une fermeture du pipeline.


Fracturation hydraulique


D’après Bloomberg, Donald Trump avait qualifié en août Kamala Harris “d’ennemie de la fracturation hydraulique”, une technique d’extraction des ressources visant à injecter de l’eau ou un autre fluide sous très haute pression pour fissurer la roche. Cette méthode serait responsable de la pollution des nappes phréatiques, selon les défenseurs de l’environnement.


Mais là encore, Joe Biden ne s’est pas prononcé contre une interdiction totale de cette méthode dont sont extraits 95% du pétrole et du gaz américains. « Je pense que nous devrions examiner les puits qui existent déjà et juger si oui ou non ils sont dangereux, s'ils ont déjà causé des dommages ou non », a-t-il déclaré lors d’une émission organisée en septembre 2019 par CNN. Le démocrate s’engage pourtant dans son programme à prendre “des mesures contre les entreprises de combustibles fossiles et d'autres pollueurs qui (...) nuisent sciemment à notre environnement et empoisonnent l'air, la terre et l'eau de nos communautés”, sans toutefois préciser lesquelles.


Si le nouveau président américain semble se refuser à toute conclusion définitive, sa vice-présidente n’hésite pas à prendre position sur le sujet. “Il ne fait aucun doute que je suis en faveur de l’interdiction de la fracturation hydraulique”, avait-elle déclaré lors de l’émission de CNN de septembre 2019.

Reste à savoir si l’avis de la vice-présidente sur la question reste inchangé et quelle sera son influence sur la ligne politique de Joe Biden.

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