Interview de Jean-Philippe Amy : "On s'est dit pourquoi ne pas faire un théâtre sur l'eau ?"
- Mélanie Cousin
- 23 janv. 2021
- 3 min de lecture
Jean-Philippe Amy, co-porteur du projet l'île Ô, déjà fondateur et directeur théâtre le Patadôme, situé en périphérie de Lyon, ce comédien et metteur en scène se lance dans un pari fou : construire un théâtre sur le Rhône. Le projet l'Île Ô verra le jour au début de l'année 2022, à Lyon.

Comment est venu l'idée du projet ?
Depuis plus de 16 ans, au Patadôme, nous avons créé une activité autour du spectacle vivant adressé à l'enfance et la petite enfance. À coté de ça, on a des ateliers de pratique artistique et de transposition des outils du théâtre pour le monde de l'entreprise. Car on est aussi une entreprise de formation professionnelle. Cette boucle autour d'un dénominateur commun, le théâtre, s'adresse aussi bien à l'enfance, la petite enfance et à l'entreprise. On s'est rendu compte que ce modèle fonctionnait et pouvait trouver sa place ailleurs qu'à Irigny où on se retrouvait de plus en plus étriquée. On a réfléchi à se développer en dupliquant ce modèle au coeur de la métropole. On a saisi une opportunité offerte par "voies navigables de France", sur l'attribution d'emplacement sur l'eau. Et on s'est dit pourquoi pas faire un théâtre sur l'eau.
Qu'avez vous pensé de ce projet théâtre sur l'eau ?
C'est une première ! Il y a déjà eu des péniches ou des bateaux modifiés pour en faire des lieux de spectacle, mais dans un format contraint par des problèmes de dimension. Notre idée c'est à partir de rien, de fabriquer un bâtiment qui sera directement un théâtre. Un lieu, avec deux salles de 80 et 250 places. Il sera conçu exprès pour accueillir cette forme de spectacle adressé à ce public de l'enfance et la petite enfance tout en pouvant aussi s'adresser aux adultes. C'est un gros investissement, ce projet coûte au total 2 millions d'euros.
Quel est le rapport à l'eau ?
C'est très symbolique. L'eau est synonyme de voyage et je trouve que cela se marie bien avec le spectacle vivant. C'est une forme de voyage immobile. Avec un fleuve qui court sous la coque, l'objectif de ce bâtiment est que l'eau soit très présente. Il y aura des systèmes de vitrage bas qui rappelleront où on est en permanence. On aura vraiment l'impression d'être sur un bateau et vous pourrez voir l'eau pratiquement depuis tous les espaces.
Pour la structure du bâtiment, comment cela s'est passé ?
C'est une rencontre, ce projet est en réflexion depuis près de 2 ans. On s'est dit que l'expertise se trouvait au nord de l'Europe avec des gens qui ont construit leur pays sur l'eau. On est allés au Pays-Bas, on a rencontré plusieurs architectes et on a eu la chance de rencontrer Koen Olthuis, un grand architecte du flottant. Il a conçu par exemple des écoles flottantes au Bangladesh, donc il y a toute une réflexion sur le monde urbanistique de demain sur l'eau et il a tout de suite été emballé par ce projet. Il est venu sur place, s'est inspiré du contexte urbain des bâtiments en arrière-plan pour concevoir cet objet blanc avec une forme découpée, c'est un peu comme sont les rues de Lyon.
Le contexte actuel ne vous a pas freiné dans ce projet ?
Le projet était lancé avant le Covid et ça n'a absolument pas touché notre enthousiasme. On est convaincu qu'il y aura une vie après l'épidémie et que le théâtre en fera parti. On a plutôt mis à profit 2020 pour se dire qu'il fallait prendre en compte le risque Covid sur l'aménagement.
Commencez-vous à travailler sur la programmation ?
On a des idées de spectacles sur les thématiques environnementales, sociétales et autour de l'histoire de Lyon. La ville a une histoire particulière avec les fleuves. L'histoire de l'eau, c'est l'histoire de Lyon. Ça n'a pas été qu'une source de vie, mais aussi une source de fléaux avec des épidémies et des moustiques.
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