Portugal : Du rouge à lèvres pour dénoncer le sexisme en politique
- Laura Roudaut
- 25 janv. 2021
- 2 min de lecture
Depuis le 13 janvier, sur les réseaux sociaux, des milliers de Portugais se prennent en photo avec du rouge à lèvres. Loin d'être un tuto maquillage, le phénomène dénonce le machisme en politique. On vous explique pourquoi.

L’artiste portugaise Mariana Noronha représente des lèvres rouges, symbole du mouvement féministe au Portugal. ©@noronhatastic
Dimanche 24 janvier, les Portugais ont choisi leur président. Il s'agit de Marcelo Rebelo de Sousa, le président sortant, réélu avec 60,7 % des voix. Un peu plus tôt dans le mois, en plein cœur de la campagne électorale, un autre candidat à la présidentielle, le « Trump portugais », avait fait polémique. André Ventura, le candidat du parti d'extrême-droite, Chega, s’était moqué d’une de ses rivales, la candidate de gauche Marisa Matias, provoquant un véritable mouvement dans le pays.
"Vous vous maquillez comme une poupée. Ce n'est pas très bon en terme d'image, ça ne paie pas. Avec ce rouge à lèvres, ça ressemble même à une blague."
André Ventura, candidat du parti populiste Chega ("Ca suffit"), le 13 janvier dernier, lors d’un meeting politique.
Trois ans après #MeToo, comparer une femme à une poupée, ça ne passe pas. En réaction à cette réflexion sexiste, le hashtag #VermelhoemBelemn (« du Rouge à Belém » en français) explose sur les réseaux sociaux.
Le principe est simple : poster une photo ou une vidéo de soi avec du rouge à lèvres et ajouter le hashtag #VermelhoemBelemn, dans sa légende. Belèm étant le quartier de la résidence du président de la République à Lisbonne, l’Élysée portugais.
"Je vais peut-être regretter mes propos", avait prédit André Ventura avant d'interpeller sa rivale. Bingo ! Sur les réseaux sociaux, le hashtag #VermelhoemBelemn réunit des milliers d’inconnus, mais aussi des célébrités ou encore des personnalités politiques. Ana Gomes, une autre candidate à la présidentielle, s’est aussi peint la bouche, par solidarité féminine. Classe.
Beauferie misogyne en France
Malheureusement les propos du candidat de droite rappelle d'autres situations. En France, Cécile Duflot a fait les frais du sexisme en 2012, à l'Assemblée nationale. La ministre du Logement et de l’Égalité des territoires de l’époque est descendue de l’hémicycle sous les sifflets et rires gras des députés. En cause : la robe à fleurs qu’elle portait ce jour-là, trop joyeuse pour être acceptée par les parlementaires les plus misogynes, encore nombreux sur les bancs de l'Assemblée.
Le même type de scène, s'est déroulée en janvier 2013, dans un autre hémicycle. La sénatrice française Laurence Rossignol avait été qualifiée de « nana » par un de ses pairs. La scène n'est pas passée pas inaperçue à l'époque et fut très largement relayée dans les médias nationaux.
Être une femme en politique n’est un long fleuve tranquille, comme en témoigne cette compilation de vidéo illustrant dix cas de machisme en France, réalisée par Libération.
Mais cette fois-ci, les Portugais semblent avoir trouvé la réponse parfaite face au sexisme en politique et dans la vie en général.
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